En ouvrant sa propre entreprise de cotravail, Marie-Josée Roch-Boissonneault a repensé le concept pour l’adapter aux besoins des travailleurs des Laurentides. À Mont-Tremblant, elle mise sur l’autonomie, la flexibilité et un cadre chaleureux pour séduire autant les locaux que les touristes de passage désireux de travailler même pendant leurs vacances.
Lorsque Marie-Josée Roch-Boissonneault rachète l’entreprise Le Loft Collectif à Saint-Sauveur, le concept existe déjà, mais sous une forme artisanale et peu adaptée aux attentes des travailleurs. Les forfaits étaient différents et le design peu attrayant. Elle décide alors de tout reprendre en misant sur des réservations en ligne simplifiées, sur des offres à la journée ou au mois et repensant complètement l’offre globale. Son but : proposer un milieu de travail qui permet de lutter contre l’isolement lié au télétravail.
Un an après l’achat de l’entreprise à Saint-Sauveur, elle ouvre, en juin 2024, un deuxième espace à Mont-Tremblant. La rareté de ce type de service sur le territoire laisse à la jeune femme une totale liberté. Et les attentes sont nombreuses tant le nombre de télétravailleurs a explosé dans la région depuis la pandémie de COVID-19.
« Je voulais vraiment rendre ces espaces accessibles à ceux qui souhaitent sortir de leur bureau à la maison pour travailler. Le Loft Collectif est une véritable alternative aux offres existantes et qui proposent moins de flexibilité et des coûts parfois importants », explique l’entrepreneure. Ses mots d’ordre : accessibilité, souplesse et liberté.
Un modèle basé sur l’autonomie
Mais alors sur quoi repose réellement le succès de cet espace dédié aux télétravailleurs et aux travailleurs autonomes ? « Étant seul aux manettes de ces deux espaces, il fallait vraiment que les usagers puissent utiliser les lieux en toute autonomie, continue-t-elle. Je me suis donc inspirée du fonctionnement d’Airbnb en proposant un accès libre : les clients entrent quand ils veulent, choisissent leur espace et utilisent les lieux sans accueil formel ».
Et il y a de quoi accueillir encore de nombreux travailleurs. En effet, à Mont-Tremblant, les espaces se déploient sur 2 500 pieds carrés et offrent de nombreuses possibilités. Au total, les usagers peuvent louer : deux salles de conférence (7 et 12 personnes), trois bureaux privés et surtout de vastes zones en bureau ouvert. « Ils peuvent s’installer à un bureau fixe, choisir un comptoir partagé ou opter, si besoin, pour une cabine isolée, pour par exemple, faire des visioconférences ou passer des appels », ajoute Mme Roch-Boissonneault.
Seuls les postes permanents nécessitent un engagement de trois mois. Pour les autres, l’accès se fait sur des périodes de 24 heures consécutives, de 5 heures le matin à 23 heures le soir. Les salles de conférence peuvent aussi se louer à la demi-heure, une option prisée par les petites entreprises qui évitent ainsi des frais superflus.
Si l’idée d’animer une vie communautaire avait été explorée à Saint-Sauveur, l’expérience a amené la propriétaire à privilégier la totale liberté de ses clients. « Ces activités avaient créé des dynamiques de clans, peu favorables à l’esprit que je voulais dans ces espaces. Aujourd’hui, chacun est libre d’interagir ou non avec les autres », note-t-elle.
Qui sont les clients d’un tel espace ?
Si la clientèle de Saint-Sauveur est assez jeune, celle de Mont-Tremblant est âgée de 35 à 50 ans. « Il s’agit surtout de travailleurs autonomes et de petites entreprises. Certains se sont installés ici après avoir quitté les zones urbaines pendant ou après la pandémie. Dans mes clients, j’ai beaucoup de professionnels des technologies, de la communication, du marketing ou encore du conseil d’affaires ».
À cette clientèle locale s’ajoutent même des visiteurs de passage. « J’ai beaucoup de touristes qui viennent d’un peu partout, même des États-Unis, pour une journée ». Ces professionnels, souvent en séjour sur le territoire, utilisent les services du Loft Collectif pour travailler sans être dérangés dans leur chalet par la vie de famille tout en ayant un accès assuré à un réseau fiable et un certain confort.
Un développement lent, mais sûr
Malgré un démarrage prudent, l’entreprise connaît désormais une croissance qui permet à la fondatrice de se projeter avec prudence. « Je n’ai pas atteint la capacité maximale, il y a encore de la place. Mais tant qu’il y a de la croissance, on est sur la bonne voie ».
Ainsi, à long terme, l’entrepreneure aimerait ouvrir d’autres espaces dans les Laurentides, à Mirabel ou Mont-Laurier par exemple. Mais ces projets demandent encore réflexion, car ils impliquent une gestion à plein temps voire de nouvelles ressources. « Le Loft Collectif n’est pas ma seule activité, alors avant d’ouvrir d’autres succursales, je dois déjà m’assurer que tout fonctionne bien ici et pourquoi pas, plus tard, me développer ailleurs », ajoute enfin celle qui misera toujours sur la flexibilité pour satisfaire les télétravailleurs toujours aussi nombreux sur le territoire.
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